Mon mode d'emploi :
Le personnel médical, qui a choisi ce type de patients, est motivé et méritant, mais il n’est pas du tout dans le même registre que nous les accompagnants ; nous, nous sommes dans un autre monde, celui de l’affectif et nous avons un regard tellement différent pour nos proches.
Personne ne vous donne le mode d’emploi, comment faire pour accompagner notre malade EVC ?
Ma règle : Ne jamais pleurer devant lui, lui parler du quotidien de façon positive, parler doucement, répéter mais, faire comme s’il comprenait tout. Il m’est arrivé de lui faire écouter de l’oreille gauche une chanson, et de la chanter dans son autre oreille. Je voulais lui apporter, un peu de gaîté. A la télévision, je choisissais ce qu’il aimait : les chaînes de sport ; pour les DVD, c’était la chasse, la pêche, la pétanque, enfin tout ce qui le passionnait avant !
Nous avions décoré sa chambre avec des photos, des dessins d’enfants, des objets familiers…
J’avais réalisé des cassettes avec l’enregistrement des voix des enfants, petits-enfants, copains, amis avec qui, il avait partagé plein de choses...Je lui faisais écouter toutes ces voix, et je trouvais qu’il réagissait bien sur la voix d’une de ses petites filles et aussi sur celle d’un de ses bons copains boulistes avec qui il avait gagné bon nombre de concours, puis j’ai eu l’impression qu’il se lassait, alors nous avons recommencé de nouveaux enregistrements. Un de mes fils avait même réalisé un DVD avec ces voix et en support graphique des photos de famille qui défilaient.
Après, nous lui avons apporté un cadre numérique que j’approchais près de son visage en commentant les photos qui passaient comme la vie qui s’écoulait…
Je l’ai beaucoup massé, les bras, les jambes, le visage, le crane avec des huiles, crèmes de massages, je le parfumais avec des eaux de Cologne, de toilette.
J’ai aussi utilisé les huiles essentielles en variant les différents parfums pour profiter au maximum de leurs vertus.
Je voulais qu'il ressente notre présence, qu'il ne se croit pas abandonné.
J’avais l’impression qu’en m’occupant bien de lui pendant mes temps de visites que je me rendais utile et que je l’aidais un peu. Je déculpabilisais un peu d’être, moi-même, bien vivante.